DE HENRI IH. [i582]                        St4l
crimes sans comparaison plus énormes et plus punis­sables, avoit été seulement condamné à une petite amende. Et ores que ledit Touard, lors du délit par lui commis, fut clerc, et conséquemment serviteur et do­mestique dudit president, toutesfois la fille par lui en­grossée avoit toujours maintenu qu'elle l'avoit sollicité à ce faire; que c'étoit un vrai et légitime mariage con­tracté entre eux-mêmes avant la copulation charnelle, à laquelle elle avoit été induite par l'exemple d'une garse de chambriere qu'il avoit, qu'il faisoit coucher avec elle, et qui Ia nuit se levoit du côté de cette fille, pour aller coucher avec son pere. Aussi avoit la cour condamné à mort ledit Touard, à la poursuite des pa­rens et alliés de la fille, pour expier la honte faite à leur famille, aussi pour l'exemple et la conséquence. Et telle étoit la voix de tout le peuple : ce qui le poussa à la sédition et à la recousse du criminel ; et encore de ce que l'un et l'autre maintenoient qu'ils étoient mariés ensemble d'un mutuel consentement. Après, le garçon étoit beau, et capable de faire quelque chose de bon ; pour à quoy s'acheminer, ses parens offroient lui four­nir jusqu'à dix ou douze mil livres pour lui acheter un état. Quant à la prétendue inégalité, on ne pouvoit ni ne devoit y avoir égard ; car outre que l'offre que fai­soient ses parens la couvroit, si aucune y avoit, on sçait que la mere de la fille étoit fille d'un bien mé­diocre marchand ^et le pere fils d'un petit commissaire du châtelet qu'on avoit vû mandier sa vie et son repas à Paris ; et que la fille n'avoit pas plus de bien quc le jeune homme offroit employer en un état : joint la bonne affection qu'ils s'étoient toujours portés, et la grossesse et enfantement avenus du vivant du pere, 45.                                                  16
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